de Paul Auster, traduit de l’américain par Gérald Meudal, Actes Sud
1 016 pages qui déroulent 4 vies pour 1 seul personnage : Archie Ferguson. « Raconter l’histoire d’une vie par des voies parallèles », confie Paul Auster dans une interview. Nous suivons les 4 vies parallèles de Ferguson pendant une vingtaine d’années environ. Le livre est structuré en 7 chapitres composé chacun de 4 parties correspondant aux 4 vies de Ferguson.
Les principaux personnages :
- Archie Ferguson, joueur de base-ball et apprenti écrivain francophile,
- Rose, sa mère, photographe
- Son père, qui vit ou meurt selon les vies de Ferguson
- Gil, son beau-père
- Vivian, chez qui Ferguson habite lors de son séjour parisien : « Plus qu’une mère, moins qu’une mère. Son double féminin peut-être. La personne qu’il serait devenue s’il était né fille. »
- Amy, l’amie/amante de sa vie
La toile de fond des 4 épisodes de la vie de Ferguson….l’histoire des USA dans les années 60/70 avec :
- le Civil Rights Bill
- la guerre au Viet-Nam
- la marche sur Washington
- le Black Power,
- Les émeutes raciales à Newark (la ville de Ferguson) : « Une guerre raciale. Et pas des émeutes raciales comme les journaux le racontaient à tout le monde. Une véritable guerre entre les races. La garde nationale et les troupes de l’Etat du New-Jersey tiraient dans l’intention de tuer, vingt-six morts au cours de ces journées de ravage et de carnage, vingt-quatre d’une même couleur et deux de l’autre, sans parler des centaines si ce n’est des milliers de personnes qui furent battues ou blessées (…). »
Ce qui arrive à Ferguson et ses avatars :
- il perd un doigt, le pouce,….difficile ensuite de jouer au base-ball !
- il meurt…des pages blanches se glissent dans le livre à partir du chapitre 3
- son père meurt tragiquement
- ses parents se séparent
- Ferguson est tenté par la profession de gigolo (pour hommes) à Paris….
Les raisons de lire 4 3 2 1
- Pour sa formidable construction qui montre, (et je cite Pierre, mon libraire) que « Paul Auster croit toujours au roman et prouve que le genre n’est pas encore épuisé ». Ce livre est en effet un hommage au roman et à la puissance de l’auteur démiurge : « Par bonheur, il n’était pas au courant du plan cruel que les dieux avaient prévu pour lui. par bonheur il ne savait pas que sa vie était destinée à occuper un paragraphe aussi court dans « le livre de la vie terrestre » et il continua donc à vivre comme s’il avait des milliers de lendemains devant lui et non 304 seulement. » Voilà le lecteur prévenu ! (ça tombe bien, je n’apprécie pas le suspens…)
- Pour réviser son histoire américaine récente
- Pour réviser les thèmes chers à Paul Auster : les relations père/fils, la formation d’un écrivain, la place de la poésie, le sport, New-York et Paris,…
- Pour découvrir Paul Auster si on n’a rien lu de cet auteur (à condition de ne pas redouter la lecture de 1 000 pages !).
Les raisons de ne pas le lire
- Si on ne comprend rien au base-ball (mais on peut toujours sauter les pages qui racontent les matches)
- Si on est rebuté par la perspective d’avaler 1 000 pages
Conclusion : ce n’est pas un de mes PA préféré mais j’ai apprécié la prouesse littéraire. Je suis tentée par l’idée de le relire en suivant la chronologie de chaque Ferguson : 1.1, 2.1, 3.1, etc. La richesse d’un livre se mesure aussi à sa relecture. « Ferguson comprit que le monde était fait d’histoires, tellement d’histoires différentes que si on les rassemblait toutes pour les mettre dans un livre, celui-ci ferait 900 millions de pages. » Réflexion faite : 1 000 pages, c’est bien.