Editions de Minuit
Histoires de la nuit, de Laurent Mauvignier a remporté un beau succès critique et littéraire. Succès mérité. Et ne pas se laisser décourager à la perspective de lire plus de 600 pages : on tient jusqu’au bout.
J’ai trouvé 6 bonnes raisons de dévorer ce livre.
- Il vous tient en haleine pendant 634 pages.
- Le style de l’auteur est impeccable : il sait y faire pour que nous retenions notre respiration juste le temps d’un geste, d’une réplique,…
- L’action se déroule en milieu rural, loin des bienheureux des grandes villes même si on est loin de l’ambiance “Le bonheur est dans le pré”.
- Pour les liens mystérieux entre les personnages qui se dévoilent dans les 200 dernières pages (et oui, il en faut du talent pour tenir la distance).
- Parce que je suis incapable de résister au stress que déclenche chez moi le suspense et là j’ai tenu sans aller lire les dernières pages.
- Parce que Histoires de la nuit nous raconte une histoire terrifiante, une histoire à faire peur comme celles que Marion raconte tous les soirs à sa fille Ida, extraites du livre éponyme.
Pas convaincus ? Je résume. La majeure partie du récit se déroule en une nuit, ou presque. Bergogne, sa femme Marion, et leur fille Ida habitent un hameau, La Bassée, au lieu-dit L’écart des Trois Filles Seules….Dans la maison voisine vit Christine, artiste peintre aux cheveux rouges, seule avec son chien Radjah. Christine a quitté la grande ville et ses vanités (on suppose Paris) pour se réfugier dans ce coin paumé. Elle peint toujours de grandes toiles, dont une représentant une femme vêtue de rouge. Ida aime contempler cette toile quand elle vient prendre son gouter chez Christine après l’école.
Bergogne. Il se prénomme Patrice mais c’est son nom de famille qui l’identifie le mieux, semble-t-il. Comme n’importe quel exploitant agricole, il travaille beaucoup. Il a repris l’exploitation familiale. Il est bourru et dévoué aux femmes qui l’entourent. L’histoire commence alors qu’il accompagne Christine à la gendarmerie : elle veut signaler qu’elle reçoit des lettres anonymes.
Marion, la femme de Bergogne, travaille dans une imprimerie. Grande gueule, harcelée par son patron, elle aime le karakoé où elle se rend tous les samedis avec deux collègues. L’auteur nous donne peu d’indications sur le physique des personnages : les cheveux rouges de Christine, le corps enveloppé de Bergogne, les cheveux bouclés et les créoles de Marion qui lui dessinent une silhouette sexy.
Dans cet environnement au calme apparent, tout chavire le jour des 40 ans de Marion. Bergogne, Ida et Christine lui ont préparé une surprise. L’arrivée de trois hommes inconnus qui rôdent depuis le matin autour du hameau, va transformer la fête en nuit de cauchemar. Qui sont-ils ? A qui sont-ils liés ? Que veulent-ils ? Laurent Mauvignier maîtrise le récit à la perfection : peu d’indices laissant une chance au lecteur d’avoir des intuitions. Et je n’en dirais pas plus…
Une raison de ne pas aimer le livre ? Peut-être cette écriture ralentie qui décompose chaque mouvement, avec de nombreux retours en arrière. Le procédé peut sembler répétitif mais il fonctionne parfaitement pour créer cette tension qui nous fait tenir jusqu’au bout.
Il a l’air génial, ce livre! Tu nous le vends bien, merci