Celle qui fuit et celle qui reste

L’amie prodigieuse III, d’Elena Ferrante, Gallimard, traduit de l’italien par Elsa Damien

Celle qui fut....Les revoilà, Léna et Lila, dans les années 70. Léna vit à Florence et Lila à San Giovanni a Teduccio, un quartier populaire de Naples. Léna a connu son heure de gloire lors de la parution de son livre (cf. Le nouveau nom), tantôt acclamé, tantôt critiqué. Elle s’est mariée à un universitaire issu d’une famille d’intellectuels. Lila travaille en usine. Elle a fui son mari et s’est installée avec Enzo, un ami d’enfance, qui l’aide à élever son fils. Léna ne travaille pas, élève ses deux filles, essaie d’entamer l’écriture d’un nouveau livre… Sa vie est bouleversée quand Nino, son amour de jeunesse, réapparaît. Lila vit l’enfer dans son usine mais, fidèle à son tempérament, elle serre les dents et combat l’injustice à laquelle elle est confrontée.

Les deux amies se rencontrent rarement au cours de ce troisième volet de L’amie prodigieuse. Les échanges téléphoniques sont souvent orageux. Une incompréhension mutuelle s’installe entre les deux femmes. Au lieu de s’encourager, de se soutenir, elles ne cessent de se critiquer. Léna est embourbée dans sa passion réanimée pour Nino ; Lila, après un épisode dramatique lié à des mouvements sociaux dans son usine (le spectre des années noires de l’Italie est la trame de fond du roman), rebondit en se lançant, avec Enzo, dans l’aventure de l’informatique  à une époque où celle-ci est encore balbutiante dans les entreprises. Décidément, Lila est étonnante : elle avait déjà révélé des talents de femme d’affaires dans le tome II.

Léna patauge dans une histoire d’amour dont elle a du mal à se dépêtrer ; elle semble avoir renoncé à exploiter ses talents si chèrement acquis (ce que Lila lui reproche). Lila, profondément ancrée dans le monde du travail (et dans ce qu’il peut avoir de plus difficile et parfois de plus humiliant), retrouve, grâce à son intelligence et sa combattivité, sa dignité et une place dans le microcosme social de son enfance….même si c’est au prix de compromissions envers les Solara, les mafieux du quartier.

Elément d’appréciation très subjectif : Léna et Lila m’ont particulièrement agacée dans ce Tome III, l’une par son caractère velléitaire et l’autre par sa dureté parfois incompréhensible. Leur amitié s’effrite…vivement le Tome IV ! 

Pour aider le lecteur à se repérer, E. Ferrante a eu le bon goût d’insérer au début du livre un index des personnages et un rappel des événements des tomes précédents. Très utile !

Lu en 2017

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