La vie obstinée, de Wallace Stegner, Libretto
traduit de l’anglais par Eric Chédaille
Vendredi 20 septembre, ma librairie préférée, Les Arpenteurs (Paris 9) a fêté ses 10 ans. Et pour la circonstance, nos chers libraires ont eu l’élégante idée de demander à 10 de leurs lecteurs de désigner leur livre favori (même question posée à de jeunes lecteurs, des éditeurs, des écrivains). J’ai eu la chance de participer à la sélection des lecteurs mais quelle cruauté, quel choix cornélien, que ce fut difficile ! Heureusement la question m’ été posée avant l’été et j’ai eu le temps d’y réfléchir et j’ai finalement choisi La Vie Obstinée de Wallace Stegner (pour info : ma soeur aînée m’a confié qu’elle aurait fait le même choix…c’est dans notre ADN…il faudra poser la question à notre troisième soeur).

Comme je suis une ex “bonne élève”, pour être sûre de mon choix j’ai relu La Vie Obstinée…et quelques années plus tard l’émotion est toujours là mais la lecture est différente. Je résume : Joe, un ancien éditeur, et sa femme, vivent à la campagne près de San Francisco. Ils ont perdu leur fils dans un accident de surf : un jeune homme qui semble avoir vécu sa courte vie de travers et avec qui Joe a entretenu des relations difficiles. La tranquillité de Joe va être bousculée par l’intrusion d’un jeune hippie, Peck, dans sa propriété et par l’installation d’un jeune couple, Marian et son mari, dans une maison à proximité. Marian est enceinte mais elle est atteinte d’un cancer. Elle risque de mourir en accouchant. C’est une jeune femme solaire. Sa sérénité apparente et son esprit tolérant exacerbent par contraste la violence des sentiments éprouvés par Joe. Il est révolté par la mort de son fils, par la présence de Peck qui va installer une véritable petite communauté hippie, dont il est le gourou, sur le terrain de Joe. Joe est aussi révolté par l’acceptation de Marian face à sa maladie. Toute l’émotion exprimée dans ce livre repose sur le déséquilibre entre la sérénité apparente de Marian, et la fureur de Joe. La collusion des sentiments trouve son apothéose dans une scène incroyable au moment où Marian doit partir pour accoucher….
Je ne sais plus en quelle année j’avais lu ce livre. J’en avais gardé un souvenir plein d’émotion, de tristesse et de douceur car je pensais à la beauté et l’humanité de Marian. Mon souvenir avait gommé la violence des sentiments de Joe envers Peck. A cette seconde lecture, la colère de Joe m’a saisie. Question d’âge…
Et bien si trois lectrices sur trois choisissent ce livre… ce n’est sûrement pas qu’une question d’ADN … Je le mets dans ma liste ! merci les sœurs.
La troisième sœur avait également beaucoup aimé le livre ,je vais donc le relire le temps effaçant quelque souvenir .