L’amour et les forêts

de Eric Reinhardt (Folio)

Ce roman m’a mise mal à l’aise. Bénédicte Ombredanne (joli nom) n’est pas une femme de son époque. Agrégée de lettres, elle a peut-être un peu trop lu (non…je rigole…). Bon, ça démarre plutôt bien par une rencontre entre Bénédicte et l’auteur, E.Reinhardt, au Palais-Royal (lieu de prédilection d’E.R.). Elle exprime son admiration pour son dernier livre et lui confie une partie de sa vie.

On se dit : voici un livre qui va être centré sur les relations entre l’auteur et sa groupie. Pas du tout. Et c’est là que réside l’habileté de l’auteur (qui, pour une fois, ne se met pas au premier plan) : il va rester confident et témoin.

Donc B.O. est professeur de lettres, mariée, deux enfants. Son mari, Jean-François, travaille à tiers temps en raison de ses difficultés relationnelles. Le reste du temps…il harcèle Bénédicte. Il ne la bat pas mais l’humilie, la dévalorise en permanence, l’oblige à noter toutes ses dépenses, etc. Les deux enfants ne sont pas plus attachants que cela.

B.O. va chercher l’âme soeur sur des sites de rencontres. La scène est assez bien troussée avec plusieurs dialogues entremêlés car le profil de Fionarose (le pseudo de B.O.) attire quelques candidats. Et tout va basculer quand Bénédicte rencontre Christian avec qui elle passera une journée qui va bouleverser sa vie (on hésite entre L’amant de Lady Chatterley et 50 nuances de Grey…).

Je passe sur le profil de Christian : antiquaire, plutôt pas mal physiquement, une petite maison dans les bois, bon tireur à l’arc… L’aveu que B.O. fera plus tard à son mari sur cette journée d’extase, va lui coûter cher en harcèlement et en insultes. Et là, on ne comprend pas pourquoi B.O. ne quitte pas son odieux mari et ses deux pâles enfants pour rejoindre l’homme des bois. (Oui, mais il n’y aurait plus de roman…)

Donc, Bénédicte continue sa vie de souffrance avec Jean-François, ne donne plus signe de vie à Christian et revoit une fois l’écrivain. Au cours de cette seconde rencontre, Bénédicte donnera plus de détails sur sa vie.

Puis l’écrivain s’inquiète de ne plus avoir de nouvelles et apprend le décès de Bénédicte en faisant des recherches sur Internet. Nouveau basculement dans le récit. On apprend que B.O avait une soeur jumelle. Celle-ci racontera à l’écrivain la triste fin de Bénédicte, et surtout, lui expliquera pourquoi elle avait épousé Jean-François (un second choix vu que l’amour de sa vie l’avait plaquée).

La description des derniers jours de B.O. à l’hôpital est éprouvante. Son mari atteint des sommets de cruauté par manque de compassion. Les scènes sont dures (aussi dures que l’agonie d’Emma Bovary). On se demande quand même pourquoi personne ne s’est bougé pour intervenir. A commencer par Bénédicte elle-même.

Dérangeant.

Lu en 2016

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