Orhan Pamuk (Gallimard)
Un sacré morceau ce livre du prix Nobel de littérature, Ohran Pamuk, auteur turc dont je n’avais jamais rien lu.
Un grand roman d’amour dont les héros, Kemal et Füsun, m’ont souvent agacée. Ils sont presqu’aussi agaçants de préciosité que Solal et Ariane.
Nous sommes à Istambul dans les années 70. Kemal est un fils de famille de la bonne bourgeoisie de la ville. Il est fiancé à Sebel qui, comme lui, appartient à la classe occidentalisée. Avant ses fiançailles avec Sebel, Kemal croise dans une boutique Füsun, une vague parente qu’il n’a pas revue depuis des années. De cette rencontre date l’obsession de Kemal pour Füsun. Pendant quelques semaines avant les fiançailles, Kemal et Füsun vont se retrouver régulièrement dans un appartement inoccupé dont la mère de Kemal est propriétaire. Elle y entasse des vêtements qu’elle ne porte plus, des objets dont elle ne veut plus. C’est le début du Musée, car Kemal contracte lui aussi cette “collectionite” et commence à récupérer des objets qui ont un lien avec son amour pour Füsun : une tasse dans laquelle Füsun a bu, une boucle d’oreille qu’elle a perdue dans le lit, etc.
La scène des fiançailles (et oui, il se fiance quand même avec Sebel) marque une rupture dans le livre et dans les relations entre Füsun et Kemal….et Sebel bien sûr. Après ses fiançailles, Kebel attendra vainement Füsun à l’immeuble Mehramet. Il commence à dépérir, à présenter tous les signes de la dépression amoureuse. Au point que Sebel s’en aperçoit et l’emmène passer quelque temps avec elle dans une de ces résidences traditionnelles qui bordent le Bosphore, et qui sont des lieux de villégiature pour les stambouliotes. Sebel, personnage particulièrement intéressant par ses capacités de compréhension et sa gentillesse, finira par se lasser, surtout après que Kemal lui ait avoué son amour pour Füsun.
Kemal retrouve Füsun quelques mois plus tard. Et à partir de là, vont se dérouler neuf années incroyables au cours desquelles Kemal va dîner tous les soirs chez les parents de Füsun…qui est maintenant mariée. Pendant 9 ans, il va côtoyer tous les soirs l’amour de sa vie et son mari, pour qui il va monter une maison de production (cinéma) pour que Füsun devienne un jour une star.
Et chaque soir, Kemal volera quelque chose chez les parents de Füsun pour enrichir son musée de l’innocence. Pourquoi l’innocence ? Sans doute fait-il référence à l’innocence de leur amour lors de leur rencontre.
Bon ! Mais ça ne s’arrête pas là. Inutile de révéler la fin (tragique). Il y a du Proust, du Nabokov et du Gide dans la façon dont le narrateur interpelle l’auteur à la fin du livre, pour qu’il raconte l’histoire de Kemal et Füsun.
Dans le décor du livre, surgissent des bribes de la société stambouliote des années 70, avec cette jeunesse qui aspire à sortir, à être libre et à boire du soda (très important le soda comme marqueur social) comme partout ailleurs dans le monde.
La religion est peu présente, simple élément qui caractérise cette société mais il est souvent question de la virginité des filles. Et les changements politiques – coups d’Etat, couvre-feu – sont autant d’éléments qui contribuent, à peine, à apporter quelques péripéties aux trajets quotidiens de Kamel, dans sa voiture avec chauffeur.
Kamel est un personnage obsessionnel dont le rapport au temps est difficilement compatible avec un mode de vie standard.
Lu en 2012
Livre surprenant mais un peu répétitif mais tellement bien écrit
Toute la famille l’a lu ….