De Richard Ford (Points)
C’est formidable ! Une des rares fois où je termine un recueil de nouvelles. Une seule m’a déplu “Charité” : un couple séparé mais l’homme et la femme se voient toujours. Lui, un ancien flic reconverti en artiste ; elle, assistante sociale. Ils se sont séparés en raison d’une incartade du mari.
Des passages fulgurants sur le mode de vie américain. Aussi fin psychologue que sociologue.
Extrait, in Abîme, page 370 :
“Pour lui l’immobilier donnait la mesure et la clé de tout. La qualité de vie de chacun se mesurait en valeur immobilière, mais en fonction inverse : plus c’était cher, pire était la vie. Seulement la triste vérité, paraît-il, c’était tout ce qu’on verrait là en bas (…), oui, on ne trouverait là que des maisons, des parkings, des centres commerciaux, des bureaux et l’assortiment complet des maux de la terre qui viennent de ce qu’on habite trop près de ses voisins : la délinquance, la pauvreté, l’hostilité, la tromperie et l’air irrespirable. Ces maux s’abattaient comme un fléau, et il n’y aurait pas longtemps à attendre avant l’apocalypse. Toutes les polices du monde ne pouvaient arrêter cette invasion, dit-il.”
Des paroles prononcées depuis le paysage grandiose du Grand Canyon.
Lu en 2008