Une vie comme les autres

de Hanya Yanagihara

Une vie comme les autres est sans doute ce à quoi aspire Jude le personnage principal de cet éprouvant livre de H. Yanagihara. Mais son passé le lui interdit. Mon compte-rendu partagé entre émotion et agacement.

A propos de ce livre j’ai souvent lu qu’il racontait une histoire d’amitié entre quatre garçons : Jude, Willem, Malcom JB. En fait, l’intrigue se structure autour de Jude et Willem, comédien beau et sensible. Malcom est un architecte issu d’une famille aisée. JB, un artiste peintre égocentrique qui puise son inspiration dans la vie de Jude et de Willem. Et Jude, le juriste, brillant, beau et mystérieux. Tous les quatre se sont connus à l’université et s’installent à New-York après leurs études. On suit pendant des années leur évolution et leur réussite qui se traduit par l’amélioration de leurs lieux de vie : du taudis au loft typiquement new-yorkais.

La couverture reflète bien le contenu du livre

Jude est l’astre noir autour duquel tournent les autres. En raison de l’infernale histoire qu’il a vécue enfant et adolescent, il se dégage de Jude une noirceur et une souffrance infinies. Bien qu’entouré de la bienveillance de ses amis et du couple qui va l’adopter alors qu’il est déjà adulte, Jude glisse sans cesse en arrière vers son passé. Il s’interdit de vivre. Il est resté handicapé à la suite d’un accident (dont on apprendra les circonstances plus tard) dont il garde de graves séquelles. Ses souffrances sont aggravées par les séances d’auto-scarification qu’il s’inflige et qui le mènent plus d’une fois au bord de la mort. Mais il est toujours “sauvé” par un ami médecin qui le soigne en essayant de le protéger contre lui-même.

Que cache Jude à son entourage ? Pourquoi a-t-il tant de mal à révéler son passé même au tendre Willem dont l’amour et la compréhension se heurtent toujours au silence de Jude. Ce passé qui nous est révélé habilement tout au long du livre, met la sensibilité des lecteurs à rude épreuve ! Certaines scènes sont saturées de souffrance et de violence au point de devoir poser le livre pour respirer. Il paraît que l’éditeur aurait demandé à Hanya Yanagihara de supprimer quelques passages trop violents pour “offrir un break au lecteur”. Elle aurait dû l’écouter : le livre n’aurait rien perdu de son intensité.

J’ai lu Une vie comme les autres pendant la période du confinement. Comme tout le monde, le moral n’était pas au top d’où, peut-être, les sentiments mitigés éprouvés à la lecture de ce livre. J’ai été parfois gênée par cette accumulation de scènes de souffrance qui transforment le lecteur en voyeur. Mais ce livre reste une magnifique et bouleversante histoire d’amitié.

Buchet Chastel – 2018 –

813 pages – Traduit de l’anglais (Etats-Unis) par Emmanuelle Ertel

Titre original : A Little Life

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